• Mais pour me parcourir enlève tes souliers

  • Violette Morisseau
  • 2022

À travers ses sculptures et installations, Raphaël Maman œuvre à rendre visible la manière dont la conception de nos espaces quotidiens est affectée par des contraintes de normes et de standardisation. Ces mécanismes, tout à fait intégrés depuis les années 1920 et les débuts des recherches sur le Rationalisme architectural, sont vécus de manière inconsciente par les individus. Pourtant, ils influencent nos corps dans leurs déplacements, dans leurs comportements et leurs interactions, en constituant des repères dont on ne questionne que trop peu l’origine. Avec une grande attention pour les matériaux utilisés dans les constructions qui nous entourent et une réelle compréhension de leurs potentialités, Raphaël Maman déconstruit l’utilisation massive et normative que l’on en fait, ainsi que les formes standardisées qu’on leur donne. Par là-même, un rapport nouveau à nos espaces commun se profile : loin de l’extrême rigueur, il recherche les failles, promesse d’un imaginaire qui s’immisce.

1 Variation
Cette œuvre résulte d’un processus créatif simple : construire la première rangée d’un mur en briques sur quatre tasseaux de bois standards en suspension, d’épaisseurs différentes. Plus le tasseau est fin, plus il ploie sous le poids des briques, qui ont conservé dans leur assemblage, ces formes curvilignes plus ou moins marquées. Par cette humble prouesse technique, Raphaël Maman détourne les contraintes de formats standardisés en révélant des potentiels architectoniques insoupçonnés du matériau. Avec ces courbures, les briques semblent déployer d’infinies constructions possibles. Avec elles, c’est toute l’architecture qui s’élève et qui se meut.

Violette Morisseau
© Théâtre des expositions, Beaux-Arts de Paris