• Après l'école - 2e biennale Artpress des jeunes artistes

  • 2022
  • MO.CO Panacée, Musée Fabre, Espace Dominique Bagouet, Montpellier, exposition collective

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que dans sa critique formulée contre le minimalisme l’historien de l’art Michael Fried avait reproché à cette tendance de traduire une forme de théâtralité: « La sensibilité littéraliste est théâtrale, tout d’abord parce qu’elle s’attache aux circonstances réelles de la rencontre entre l’œuvre littéraliste et le spectateur » (« Art et objectité », 1967). Loin de chercher à le contourner et encore moins à le combattre, Raphael Maman fait de ce postulat la base à partir de laquelle il a échafaudé une œuvre au statut précaire et hybride perméable aux normes qui caractérisent les codes architecturaux et scéniques. Il s’agit pour l’artiste de planter – nous reprenons le titre d’une de ses installations - un décor fictif, en attente d’une improbable utilisation, comme suspendu dans le temps et l’action. Figé et désamorcé. A l’image de ce Praticable (2020) dont la particularité est justement, compte tenu de la fragilité des matériaux, de ne pas pouvoir être pratiqué, rendant ce dispositif scénique orphelin et réduit à une pure visibilité contraire à ses identité et fonction. A sa raison d’être. Les œuvres de Maman sont composées d’objets rétifs, comme abandonnés et arrachés à leur contexte initial et normé. Un contexte marqué par une certaine idée de rendement et d’efficacité. Et si les objets en question nous donnent la trompeuse impression de vouloir à nouveau s’y plier, ils le font au prix de réajustements voire de dérèglements distillant une atmosphère de malaise et de flottement qui fait la force de ce travail.
Erik Verhagen

Raphael Maman a échafaudé une œuvre au statut précaire et hybride perméable aux normes qui caractérisent les codes architecturaux et scéniques. Il s’agit pour l’artiste de planter un décor fictif, en attente d’une improbable utilisation, comme suspendu dans le temps et l’action. Ses œuvres sont composées d’objets rétifs, comme abandonnés et arrachés à leur contexte initial et normé qu’ils réinvestissent au prix de réajustements voire de dérèglements distillant une atmosphère de malaise et de flottement qui fait la force de ce travail.

© Photos (7,8 et 9): Emmanuel Morel