• Points de suspension

  • 2020
  • Beaux-Arts de Paris, exposition personnelle

Au XVIe siècle, Nicolas Sabbattini, architecte, chef machiniste et maître d’œuvre de la scène, révise le théâtre antique. Le public a besoin de spectacle nouveau dans une architecture nouvelle. Treuils, tambours, cabestans, palans, poulies enchevêtrées de cordage, châssis soutenant des décors en carton deviennent les nouveaux systèmes d’illusion. Souhaitant se rapprocher au plus près d’une réalité, Sabbattini donne à la machinerie toute son impotence, sa place de poumon au sein du théâtre est au service de l’illusion. La mise en scène, le jeu des acteurs est alors influencé par l’architecture et le fonctionnement de l’édifice.

Mon travail de sculpture tire principalement son origine dans l’analyse des normes et dans l’observation de ses standards. Notre « usage du monde » est modelé, contraint par des mesures qui nous sont acquises. Par les dimensions d’une feuille de papier, l’envergure de nos bureaux, par les « pouces » de nos ordinateurs, chaque élément de notre quotidien est mesuré pour s’inscrire dans un schéma normé à l’échelle d’une pièce d’appartement, d’une rue, d’une ville, d’un pays, d’un monde en commun. Les normes sont devenues au fil du temps les mécanismes et les rouages bien huilés de nos sociétés.

Cette installation, intitulée Points de suspension, mêle l’univers machiné du théâtre à celui machinal du quotidien. Les machineries, matériaux et systèmes de construction employés deviennent ici les métaphores des normes qui constituent le décor de notre environnement quotidien.